Ibrahim Ballo est un artiste malien, né en 1986 et diplômé de l’Institut National des Arts de Bamako en 2012.
En 2017, il passe une maîtrise en Arts Visuels au Conservatoire des Arts Plastiques et Multimédia. La même année, il est lauréat du prix de l’atelier Sahm en arts visuels à l’occasion de la 6e édition des Rencontres internationales d’art contemporain
(RIAC). Pour la deuxième fois, son travail est exposé à l’AKAA (Paris).
Les toiles d’Ibrahim Ballo marient habillement peinture et tissage: un choix identitaire et militant de l’artiste – qui a grandit dans un environnement de tisserands – pour revaloriser un savoir faire ancestral qui survit péniblement aux processus de modernisation de nos sociétés actuelles. Pendant des siècles, les tisserands ont joué un grand rôle dans le développement socio-économique et commercial de la société africaine. Une dynamique mise à mal par le colonialisme et la révolution de l’industrialisation textile. « Au Mali, le tissage fait partie des activités les plus présentes et vivantes bien
qu’aujourd’hui cette pratique ancestrale survit péniblement » affirme l’artiste. « La présence d’un tisserand au sein d’une famille ou d’un village était signe d’union et de solidarité. C’est sous un arbre, au cours de cette activité, que les dilemmes étaient résolus. Avec leur disparition progressive, on assiste à la désagrégation du tissu social, à la désunion, au
manque de solidarité et de partage, à l’égoïsme et autres fléaux comme les violences et la corruption, l’immigration clandestine des jeunes »
Sur chacun de ses tableaux, les aplats d’acrylique, les fils et les noeuds – véritables symboles de connexion – sont comme une seconde peau qui recouvre ses personnages.
Les connexions de tissus font référence aux relations humaines favorisées par le travail traditionnel du coton, où le partage et la transmission sont à l’avant-plan. Les personnages en couleur, les yeux bandés ou en simple méditation appellent à l’introspection et à l’humilité. Ses personnages aspirent à une paix intérieure, un retrait suspendu dans le temps et la réflexion. Enfin, les motifs et idéogrammes empruntés aux pièces tissées sont un inlassable hommage à sa culture. Hommage emprunt d’une puissance poétique sans égal… pour le plus grand plaisir du spectateur.