Biographie de Moustapha par Sylvain Sankalé
Critique d’art
Dakar, Sénégal – Février 2020
Très tôt  Moustapha Baidi Oumarou un jeune peintre camerounaise , a ouvert les yeux  sur le monde et ne se contentant pas de le regarder et de le voir, il choisit de l’observer et de chercher à le comprendre. Très jeune il est convaincu de sa vocation d’artiste et ne souffre d’aucune opposition majeure dans son univers familial, ce qui est assez rare pour être souligné. Il jette son dévolu sur la peinture et il expose ses premiers travaux d’autodidacte dans sa ville natale.

En 2013 – il a à peine 17 ans – il obtient le 3ème prix d’arts plastiques du festival Yawalta Maroua. Venant couronner ses premiers efforts, cette distinction sera déterminante pour lui. Ses études secondaires achevées, il travaille dans un atelier de sérigraphie, expérience dont sa production artistique se ressent fortement jusqu’à présent.

Il multiplie les contacts et les échanges, il intègre en 2014 le club arts plastiques de l’université de Maroua, il suit, en 2018, le cycle court de l’Institut de formation Artistique de Mbalmayo et effectue une résidence de courte durée au In and Off Art Center du plasticien Hako HANSON, également camerounais.

Sa carrière prend un nouveau tournant avec des expositions tant au Cameroun qu’ailleurs dans le monde. En 2018 ses œuvres sont présentées à Mbalmayo, à sa sortie d’école, puis à Yaoundé, «L’art spirituel de Yaoundé», la capitale du Cameroun.

Dès 2019, sa carrière artistique atteint une autre dimension avec sa participation à « L’Afrique maintenant », à la Galerie Claire CORCIA, à Paris; DOUAL’ART, foire de réputation internationale, tout comme on a vu ses œuvres au Musée national de Yaoundé, ou à Bolo espace art et culture, à Douala.
Sa présence est remarquée également à Also known as Africa (AKAA), la foire d’art africain contemporain qui devient une étape incontournable à Paris. Représenté par la galerie déjà établie de Claire CORCIA, à Paris, il a également rejoint la toute récente Galerie AFIKARIS lancée par Florian AZZOPARDI. Moustapha Baidi Oumarou revendique son «humanisme» qui donne son titre à cette exposition à la OOA Gallery. L’artiste scrute avec un œil plein de sollicitude l’être humain, homme comme femme, pour, avec des techniques d’expression, faussement simples, en dire tous les aspects, les bons et les autres.

Il procède par allusion, s’inscrivant clairement dans la lignée de ces artistes «ornemanistes» qui travaillent des toiles très architecturées, très soignées, détaillées, avec quantité de petits motifs, que l’on serait tenté de qualifier de décoratives, au premier regard, si l’on ne prenait pas la peine d’en apprécier la profondeur et parfois la violence d’évocation. Deux noms me viennent à l’esprit, le sénégalais Omar BA et le kenyan Evans MBUGUA.
On retrouve ici les réminiscences de la première formation à la sérigraphie et les emprunts aux codes esthétiques de cette technique. Moustapha représente des personnages sans visage, suspendus au milieu de nulle part, dans des jardins, au milieu de plantes qui sont l’unique décor. Seules les postures et les attitudes, parfois les tenues vestimentaires, sinon les rares accessoires permettent d’avoir une idée de son propos et de ses intentions.
L’humanité mouvante en ce début de siècle chaotique, une humanité prise entre les identités assassines et le rouleau compresseur de la mondialisation. Il est d’ailleurs très difficile de donner une nationalité, voire simplement une origine à ses personnages, ils se contentent d’illustrer l’humaine condition sans égard pour les détails qui créent d’inutiles ségrégations.

Mais sous l’apparente légèreté du traitement avec des aplats de couleurs vives et acidulées, des découpes de feuillages sombres, l’artiste veut nous faire passer son message, être le porte-voix des sans-voix, nous faire réaliser la présence des absents, tous ces personnages qui hantent nos avenues et nos mémoires et que nous ne voyons plus, que nous ne voulons plus voir.

Il ne s’agit nullement d’une approche misérabiliste, juste une allusion, un appel, un clin d’œil plus grave qu’il n’en a l’air. Jeune, dynamique, optimiste, décomplexée, cette peinture ressemble à son auteur, elle est pleine de qualités et mérite que l’on s’y attache.

Sylvain Sankalé
Critique d’art
Dakar, Sénégal – Février 2020

Au fil des expositions, Baidi Oumarou affirme son « humanisme » à travers ses toiles. L’artiste scrute l’être humain, homme et femme, d’un œil attentif avec des techniques expressionnistes
faussement simples.

Oumarou opte pour l’omniprésence d’une végétation non colorisée puisque systématiquement noire. Son génie réside -entre autres- dans le parti pris du noir. Le noir n’est pas une couleur: il est la somme de toutes les couleurs!!! Il joue avec les nuances de noir. Il en décline toutes les tonalités, de la plus lumineuse à la plus foncée. Subtil camaïeu! Ce procédé plastique apparement anodin, offre pourtant à ses toiles une harmonie parfaite et agréable à l’œil.
Sa technique est ordonnée: il n’utilise qu’une seule couleur à la fois. En conséquence, les pigments paraissent nets et tranchés à certains endroits conférant à la sa création finale un aspect très fini et immobile, comme suspendu dans le temps…
La perspective ou la simple profondeur de champ sont inexistantes: la végétation, dont les contours sont renforcés par un liseré blanc, constitue le décor et ses personnages occupent la place centrale de ses tableaux. Figés et sans visage, illuminés par un fort contraste entre le clair et l’obscur créé par les couleurs vives de ses fleurs. Le chromatisme de chacune de ses toiles est unique et singulier

La précocité de cet artiste autodidacte âgé de 23 ans lui confère une réputation déjà bien assisse tant sur le continent qu’à l’International.

 

Expositions et prix
– Prix des Arts Visuels au Yawalta Maroua Festival, Cameroun.
– Beaux-Artsdel’Universitéde Maroua.
– InstitutdeFormationArtistique de Mbalmayo.
– Courte résidence au In and Off Art Center du plasticien Hako HANSON.
– « Africa Now », Akaa As Known as Africa (Paris ) 2019

Pieces at the Gallery

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